La lecture
En 2023, je n'ai lu aucun livre. Ce qui est habituel pour beaucoup de monde – ne pas lire – ne l'est pas pour moi. Les livres sont pour moi un moyen d'évasion, de déconnexion du monde environnant, de retour sur moi. C'est une méthode facile pour m'échapper, mettre mon esprit en mouvement et lui permettre de s'offrir une respiration. Cette respiration est utile en tout temps et parfois absolument nécessaire.
Aussi, passer une année entière sans lire est un événement marquant dans ma vie. C'est le signe d'un déséquilibre, d'une rupture, d'un dysfonctionnement, d'un vide creusé par la vie. Cet événement touche ma santé mentale, ou plus exactement, c'est ma santé mentale qui a provoqué cet événement : j'étais tellement mal en point que je ne parvenais pas à essayer de lire. Relisez bien : je ne parvenais pas à essayer de lire. Le geste même de prendre un livre et de l'ouvrir pour en consulter le contenu s'est avéré irréalisable pendant une année entière.
Je lis habituellement aussi bien des romans que des bandes dessinées. Même si vous avez un rapport lointain avec la bande dessinée, vous devez comprendre qu'il s'agit aussi de lecture, dès qu'on dépasse le stade des Schtroumpfs. Mon activité de lecture est assez ritualisée : le livre se lit en fin de journée, plutôt dans un lit. C'est une découverte, mais aussi un moment de repli et de calme. Je n'aime pas être interrompu dans ma lecture, et elle se termine généralement par le sommeil. Ne pas pouvoir lire même une simple BD signifiait que ma santé mentale était au plus bas. C'est cette année là que j'ai écrit : “Je pense que je ne vais pas bien.” . J'y ai écrit à quel point ma vie mentale est difficile et solitaire, à quel point je me sentais au bord du gouffre. Il m'aura fallu encore plusieurs mois après ce texte pour parvenir à m'engager dans une psychothérapie.
En 2024, j'ai recommencé à lire, un peu. Quelques livres, des BDs acquises en 2023 et laissées de côté. Mon esprit a décidé de reprendre le dessus. Les livres redeviennent une bouée de sauvetage. Ils sont précieux, en version numérique comme en version papier. Ils étaient en faible nombre en 2024 et je m'accroche à cette bouée en 2025. C'est une partie de ma thérapie.